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Discours d’introduction d’Hélène Conway-Mouret

« 2015 restera dans l’histoire de la conquête de l’espace l’année où l’on a découvert de l’eau sur mars. Après avoir exploré l’ensemble de la planète sur laquelle nous vivons il est naturel que nous allions encore et toujours plus loin parce que l’être humain est ainsi fait – nous sommes tous porteur d’un gène « nomade» plus ou moins fort- parce qu’il est aussi de plus en plus aisé d’aller à l’autre bout du monde tout en restant connecté avec ses proches et parce qu’enfin les transports sont de plus en plus rapides et de moins en moins onéreux. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que les Français soient inscrits dans cette mobilité mondiale, facilité et ouverte aujourd’hui à tous.

Alors oui les Français sont de plus en plus nombreux à bouger ; ils vont de plus en plus loin. Ils prennent goût à l’expérience de la vie hors de France dans le cadre de leurs études, d’échanges et de séjours divers à l’étranger qui font tomber le premier obstacle qui est trop souvent encore celui de la langue. Elle ne sera plus une barrière à leur envie de repartir plus tard. Ils prendront confiance en eux quand ils découvriront combien leur éducation et leur formation sont appréciées et parfois combien simplement le fait d’être français est un avantage. Ils seront créatifs et innovants au contact d’autres modèles sociaux, culturels ou éducatifs. Ils ressentiront très fort ces valeurs enfouies dans leur propre identité qu’ils découvriront souvent pour la première fois dans un environnement où tout est différent. Je pense à ces valeurs qui ont poussé certains, le 11 janvier dernier, à se tenir silencieux une bougie à la main devant l’Ambassade de France au Canada alors qu’il faisait – 35C dehors.

Cette communauté représente un faisceau de trajectoires individuelles, riche de sa diversité, qui atteste de l’ouverture de notre pays et de sa capacité à épouser la nouvelle dynamique du monde. Comme l’a démontré le sondage et les témoignages que je recueille à l’étranger, ils ne quittent pas la France pour des raisons fiscales comme cela est trop souvent suggéré mais pour découvrir une nouvelle culture, pour des raisons sentimentales et bien sûr majoritairement pour des raisons professionnelles. Il est de bon ton de porter un regard fataliste et négatif sur la mobilité et de stigmatiser ceux qui partent. C’est, je crois, passer à côté de la réalité vécue et des enjeux de ce mouvement permanent.

Depuis plus de 30 ans la France souffre d’un chômage endémique. Les jeunes sont tentés d’aller vers des pays où la croissance est forte, tout en sachant que tout est affaire de cycles et qu’ils iront ensuite vers d’autres destinations plus prometteuses. L’avenir de notre jeunesse n’est pas seulement à Singapour, Sydney ou Tokyo. La mobilité est l’expression de la nouvelle appropriation du monde dans un marché du travail très concurrentiel au niveau mondial. Cependant dans ce mouvement les Français restent attachés à leurs racines, à leur langue et leur culture. Ils expriment leur citoyenneté par le droit de vote et sont attachés à leur administration qu’ils critiquent – naturellement ! – mais dans laquelle ils ont entièrement confiance notamment pour assurer leur sécurité. Ils ont besoin de savoir qu’ils peuvent rentrer s’ils le souhaitent car le retour ou l’arrivée en France fait généralement partie de leur plan de vie.

Je conclurai en rappelant que notre Communauté résidant à l’étranger est de taille très modeste par rapport à beaucoup d’autre pays. Au lieu de traiter ce mouvement d’hémorragie ou de fuite alors que d’autres préfèrent parler d’exil dans cette surenchère sémantique je choisis d’y voir une chance car ces Français sont une force pour notre pays. Ils permettent à la France d’être présente partout. Ils renforcent les liens entre leur pays de résidence et le nôtre. A nous collectivement de savoir valoriser leurs compétences et leurs acquis, faciliter le cas échéant leur retour et tout simplement reconnaitre que nous avons besoin de tous pour faire avancer la France. »